Une enquête alarmante menée par la branche Europe de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) révèle une crise de santé mentale parmi le personnel de santé. Un tiers des infirmiers et médecins européens déclarent des symptômes de dépression ou d’anxiété, un taux cinq fois supérieur à celui mesuré dans la population générale.
Les chiffres accablants du mal-être des soignants
L’étude, qui compile les réponses de 90 000 professionnels de santé dans 29 pays (UE, Islande et Norvège), met en lumière des statistiques critiques :
- Dépression et Anxiété : Un soignant sur trois souffre de symptômes de dépression ou d’anxiété.
- Idées Suicidaires : Plus d’un sur 10 a envisagé de mettre fin à ses jours ou de s’automutiler, un « fardeau inacceptable » selon le directeur Europe de l’OMS, Hans Kluge.
- Différences selon le genre : Les infirmiers et les femmes médecins sont les plus touchés par la dépression et l’anxiété, tandis que les médecins hommes sont plus enclins à développer une dépendance à l’alcool.
- Disparités géographiques : Les taux de dépression sont les plus élevés en Lettonie et en Pologne (près de la moitié des répondants) et les plus faibles au Danemark et en Islande (environ 15 %).
Les facteurs aggravants : violence et précarité
L’enquête pointe des conditions de travail difficiles qui exacerbent le mal-être :
- Violences au travail : Un tiers des soignants a subi des intimidations ou des menaces violentes sur leur lieu de travail. Ce taux est particulièrement élevé à Chypre, en Grèce et en Espagne. De plus, 10 % ont été victimes de violences physiques et/ou de harcèlement sexuel au cours de l’année écoulée.
- Sécurité de l’emploi : Près d’un quart des infirmiers et 32 % des médecins ont des contrats de travail temporaires, ce qui génère une anxiété quant à la sécurité de l’emploi.
- Charge de travail : Un médecin sur quatre travaille plus de 50 heures par semaine.
Une crise de sécurité sanitaire et les solutions proposées
Hans Kluge a insisté sur le fait que cette crise de santé mentale est une « crise de sécurité sanitaire » qui menace l’intégrité des systèmes de santé. L’Europe est déjà confrontée à une pénurie de près d’un million de travailleurs de santé d’ici 2030. L’OMS ne peut se permettre de perdre ces professionnels essentiels en raison de l’épuisement ou de la violence.
Pour y remédier, l’OMS propose plusieurs pistes d’action :
- Mise en place d’une politique de tolérance zéro face à la violence et au harcèlement en milieu hospitalier.
- Réforme du recours aux heures supplémentaires.
- Garantie d’un accès à des services de santé mentale confidentiels pour le personnel.